1. avril 2021

Quatre militant·e·s réfugié·e·s de « Queer Refugees Germany » s‘entretiennent avec des juges et des avocat·e·s

Les demandes d’asile de réfugié·e·s lesbiennes, gays et bisexuel·le·s constituent de plus en plus de défis particuliers pour les autorités allemandes – en premier lieu pour l’Office fédéral des migrations et des réfugiés (BAMF). De nombreuses décisions du BAMF sont à nouveau cassées par les tribunaux. Dans ce contexte, l’« Akademie Franz Hitze Haus » sociale catholique a invité le LSVD et quatre militant·e·s réfugié·e·s à échanger avec des juges et des avocat·e·s sur des questions relatives à l’homosexualité et à la bisexualité dans la procédure d’asile. L’événement a eu lieu le 16 mars 2021 sous forme de séminaire en ligne en étroite coopération avec le bureau catholique, le commissariat des évêques allemands et Caritas.

Patrick Dörr (membre du comité directeur fédéral du LSVD) et Philipp Braun (ancien co-secrétaire général de l’ILGA) ont lancé les débats en commençant par de nombreux aspects juridiques avec les 41 juges, avocat·e·s et employé·e·s du BAMF impliqués qui jouent toujours un rôle dans des procédures judiciaires contre des décisions négatives rendues à l’encontre des personnes lesbiennes, gays et bisexuelles demandant asile. Quatre militant·e·s homosexuel·le·s, tous membres du réseau des réfugié·e·s du projet LSVD « Queer Refugees Germany » à l’échelle de l’Allemagne, ont complété ces discussions juridiques avec des rapports d’expérience de leur pays d’origine et avec la procédure d’asile :

Ahmad Khalid* originaire d’Egypte a décrit les énormes problèmes lors de son audition, en particulier avec un interprète extrêmement homophobe, mais a également rendu compte de la persécution systématique de la communauté LGBTIQ+* par l’Etat égyptien. La situation sur place s’est encore aggravée après un concert du groupe libanais Mashrou‘ Leila en septembre 2017, et l’État a, depuis lors, pris systématiquement et délibérément des mesures contre la communauté LGBTIQ+.

Meri Petrosyan, originaire d’Arménie, a évoqué les attitudes homophobes qui sont fortement ancrées dans son pays d’origine. Les lesbiennes, les gays et les bisexuel·e·s sont de ce fait exposés sans défense à la violence homophobe très répandue – la police est elle-même la plupart du temps homophobe et n’offre donc généralement aucune protection. Elle a fait l’expérience que le BAMF ne reconnaît pas vraiment ces réalités sociales dans cet État relativement petit où tout le monde connaît tout le monde et où il est pratiquement impossible de se cacher.

Pamir Ceyhan* originaire d’Iran décrit la persécution massive des personnes homosexuelles en Iran, où, par exemple, les actes homosexuels entre hommes peuvent toujours être punis de la peine de mort. Des interventions chirurgicales et mutilantes continueraient d’être effectuées contre leur volonté, non seulement sur de nombreuses personnes transgenres qui ne veulent pas d’opération, mais aussi sur les lesbiennes et les gays. Malheureusement, lui et son époux turc auraient eu d’énormes difficultés en Allemagne pour être reconnus ensemble, en tant que couple gay, comme éligibles à la protection.

Le militant LGBTIQ+ Baküs Mejri, quant à lui, a eu des expériences positives avec la procédure d’asile. Dans son exposé, il a principalement décrit comment la police tunisienne traitait les personnes queers. Celle-ci n’offre aucune protection contre la violence hostile aux LGBTIQ+ et utilise même très souvent les lois morales pour arrêter arbitrairement des personnes soupçonnées d’être queer. En détention, ils seraient ensuite soumis à des tests anaux reconnus internationalement comme de la torture afin de prouver leur homosexualité – selon l’idée erronée.

« Avec leurs quatre témoignages, les militant·e·s nous ont une fois de plus montré comment se caractérise la vie dans de nombreux pays, ou les lesbiennes, les gays et les bisexuel·le·s doivent se cachent quotidiennement de l’État, de la société et souvent de leur propre famille », a déclaré Henny Engels, qui a également accompagné l’événement pour le Comité directeur fédéral du LSVD.

*Il ne s’agit pas du nom réel de la personne, mais d’un pseudonyme.